« MAESTRO… en
avant les cœurs! »
J’en appelle
au « maître » en nous car c’est lui qui orchestre le réel pouvoir de mettre au
monde le chef-d’œuvre que nous sommes. La quête de l’être dont la conscience
s’éveille est d’accéder à la pleine maîtrise de soi et de la matière pour la
transcender plutôt que d’obtenir le contrôle total sur les autres et
l’environnement. J’invoque ensuite la maîtrise par le « cœur » car c’est là qu’est
l’énergie la plus puissante… l’Amour. Si l’être humain était un orchestre, le
cœur serait l’instrument qui émet la plus puissante vibration! Nous sommes
maîtres de nous quand notre pouvoir s’exerce à partir du cœur et non plus du
corps (par la force) ou de l’esprit (par la connaissance), quand nous intervenons
dans le monde à partir de la puissance de l’énergie sacrée, divine … l’amour
lumineux qui est en nous. Avant cela, nous ne sommes qu’un être humain contrôlant
car limité à un pouvoir humain que nous avons acquis.
Avant d’élaborer sur ces notions de contrôle et de maîtrise, je suggère
cette image qui résume ma pensée : la maîtrise est un état alors que le
contrôle relève d’une action, d’une résistance à une énergie contraire. Au
moment d’utiliser son pouvoir, à l’intérieur, le maître vibre alors que
celui ou celle qui contrôle tremble!
Donc pour
maîtriser le sujet de cet article, lâchons le contrôle (mental) et suivons le
mouvement avec le cœur… Fort possible que tout cela coule en vous comme une
source limpide!
Le
contrôle… ce volant qu’on ne veut pas lâcher
Presque tous,
nous tentons de contrôler alors que rien ni personne ne peut être contrôlé sans
conséquence. Contrôler c’est aller à l’encontre d’un mouvement naturel et
présent. L’on cherche à contrôler pour s’assurer d’obtenir ce que nous visons.
C’est la forme d’exercice du pouvoir qu’on nous enseigne très jeune. On apprend
à tenir le volant pour guider la voiture. On apprend à contrôler ses sphincters
pour tenter de gérer le quand et le comment notre corps exprimera ses mouvements
naturels. Et, en vieillissant, on essaie surtout de contrôler le temps en corrigeant
le passé et en faisant des plans pour le futur, en décidant à l’avance de ce
qui se passera, en mettant des balises, des barrières, des contrôles pour
empêcher ce que l’on ne veut pas tout en espérant ardemment que seulement ce
que l’on désire puisse se réaliser.
On utilise
aussi le temps pour contrôler les autres. On leur donne un « certain »
temps pour s’exprimer, pour être en relation avec nous, pour nous toucher, pour
faire leurs demandes, etc. Une fois ce temps écoulé, ce qui peut être des
années, on se croit libre. On se dit : « Là,
c’est du temps pour moi, je n’ai pas à être sensible aux autres ou à cette
personne! » Et si notre enfant se
blesse à ce moment, toute la belle planification du temps tombe à l’eau. Et si
notre désir sexuel n’est pas au rendez-vous alors que nous sommes en plein dans
ce week-end amoureux que nous avions cédulé des mois à l’avance. Ce n’était pas
une liberté intérieure, simplement une liberté d’action que l’on avait réussi à
justifier par notre contrôle du temps et la bonne gestion que nous tentons d’en
faire. Le contrôle du temps est lié souvent lié à la culpabilité. On donne et
mesure son temps en lui donnant une valeur monétaire ou affective pour
compenser le matériel ou l’affectif que l’on ne peut donner de notre
personne. Mais, le temps ne se mesure ni
ne se contrôle, il est extérieur à nous et n’existe que dans l’ici et
maintenant.
Il n’existe
que le temps présent et nous ne savons jamais dans quel état physique,
psychologique nous serons quand viendra ce moment que nous planifions. Je vous
invite ici à relire les enseignements d’Eckhart Tollé, ce grand maître spirituel
de notre temps qui nous éclaire sur « le pouvoir du moment présent ». Ainsi,
ce n’est pas nous qui contrôlons le temps mais bien nous qui consacrons
beaucoup d’énergie à essayer de mouler nos besoins, nos désirs, nos activités
dans un cadre temporel que nous construisons bien maladroitement car il
n’existe pas. Nous pouvons économiser des milliers de dollars (et nous le
faisons) pour nous assurer une retraite confortable, nous en planifions tous
les détails et rêvons des activités que nous ferons… De même, nous pouvons consacrer beaucoup
d’énergie à faire « fonctionner » une relation de couple pour qu’elle «
dure » et se faire croire que cet être aimé sera là pour nous accompagner
jusque sur notre lit de mort. Combien de personnes n’ont jamais vécu cette retraite telle que
planifiée? Combien de personnes sont mortes dans les bras de l’être aimé? Oui, il arrive que ça y ressemble mais
tellement de détails, importants, essentiels, naturels, auront échappé à notre
contrôle… Et c’est bien tant mieux, en ce qui me concerne!
La
planification est une grande illusion et le contrôle est un état de tension
constante, de travail très exigeant pour maintenir la structure en place.
Contrôler nécessite une vigilance sur tous les aspects, sur tout ce qui
pourrait aller à l’encontre de notre planification (consciente ou non). Cela
peut nécessiter aussi que nous utilisions la force physique pour contrer toute
énergie ou mouvement qui résiste ou nous amène ailleurs. Cet élan contraire
peut tout aussi bien venir d’un objet matériel que d’un enfant que l’on
accompagne. Ou bien, nous aurons à utiliser le pouvoir de nos connaissances en
les mettant comme cadre de références pour, encore là, bloquer une énergie, un
mouvement qui nous amènerait vers l’inconnu, l’imprévu, le non planifié. Par exemple, dans une relation, si l’on sait
comment faire taire notre partenaire alors que l’on sait (ou sent) qu’il
s’apprête à nous amener dans une zone où l’on ne veut pas aller, où l’on ne
sait pas ce qui arrivera… Que fait-on? Oui, bien sûr que l’on va peser sur le
bon bouton pour contrer ce mouvement. Et tout peut se passer très
inconsciemment, en douceur… on aura simplement repris le contrôle d’un des
aspects de la situation.
La réalité est ainsi. Le pouvoir par le contrôle n’est qu’un actif. Pour cela
qu’il existe des panneaux de contrôle et des pièces complètes destinées à
exercer un contrôle sur quelque chose. Avoir le contrôle sur nous et sur les
autres signifie que l’on a accès à un panneau de contrôle en nous. On ne sait
ni comment ni pourquoi cela fonctionne mais on sait que cela « peut et
doit » fonctionner, qu’en pesant sur le bon bouton l’effet recherché devrait se
produire.
Et voilà,
toute la source de la tension qui nous habite, du doute qui subsiste, de
l’insécurité qui se pointe… On peut si aisément perdre le contrôle. Il y a
toujours cette infime (lorsqu’on croit avoir un très vaste contrôle)
possibilité que cela ne fonctionne pas, que quelque chose ou quelqu’un ait
échappé à notre contrôle et que ce soit suffisant pour faire s’écrouler tout
l’édifice ou déraper toute la situation planifiée. Le contrôle de soi ou des
autres ne comporte jamais une assurance à 100%.
Tant que nous
nous dominons ou dominons les autres en exerçant un contrôle sur les pensées,
les émotions ou la liberté d’action … nous n’utilisons que les pouvoirs de base
du corps et du mental que nous avons acquis. Nous n’avons aucune conscience du
processus, ni d’où cela vient, ni de son mouvement d’évolution. Si le cœur
intervient, ce n’est qu’au niveau de l’intention qui précède la pensée ou
l’action et possible que l’on ignore l’émotion que nous ressentions si tout le
processus s’est déroulé inconsciemment.
Ainsi, les
émotions sont les énergies du cœur qui mène à l’action et l’on dira, en parlant
de notre corps « Je ne peux pas laisser
place à l’émotion car je vais perdre la tête » ce qui sous-entend que si je
n’exécute pas mon idée, je vais perdre le contrôle de mon corps (pensons à la
sexualité, à l’abstinence involontaire par exemple qui est un contrôle extrême
sur une pulsion naturelle du corps) ou encore lorsqu’on fait un régime
alimentaire ou que l’on suit une discipline d’entraînement sportif.
Tant que l’on
se perçoit et se comporte comme une personne en tiers (émotions, corps et
mental) l’on a l’impression que trois capitaines se partagent le pouvoir et
peuvent prendre le contrôle de notre vie, de notre être. Et il en est ainsi, on
prend des décisions en ne voulant pas être trop émotif, ou notre corps nous
emporte dans une étreinte passionnelle ou une puissante indigestion (un corps
qui s’exprime) nous empêchant de faire ce que l’on a décidé, etc. Car chacune de ces dimensions peut
effectivement prendre le contrôle, être le capitaine qui domine à un certain
moment, dans une certaine situation.
Et c’est là
la limite du pouvoir du contrôle de soi et de l’environnement : on ne
contrôle pas la partie qui contrôle en nous … On peut être envahi par une émotion,
un besoin physique ou une pensée obsédante!
La
maîtrise… cet état divin quand on a tout lâché
Être maître
de soi, ce n’est plus fonctionner « en tiers », c’est-à-dire, ne plus avoir trois
capitaines qui contrôlent chacun leur tour la destinée du bateau) mais plutôt
être une personne « entière » qui maîtrise l’intégralité, qui existe en toute
conscience de ce qui se vit au moment présent.
La notion de
« maître » éveille en nos esprits plusieurs images…
Celui ou
celle qui est au sommet de son art, qui possède tellement sa matière qu’il
l’intègre et qu’elle le définit (ainsi l’apprenti-sorcier devient sorcier), qui
peut l’enseigner et en transmettre les secrets. C’est aussi un grade, une
distinction suprême que d’accéder à la maîtrise.
Le stade du
contrôle, c’est lorsque l’on ne connaît que le lien entre la bonne action à
faire pour avoir l’effet recherché, c’est l’élève qui sait que s’il pince telle
corde, il devrait obtenir tel note. Il peut contrôler certains aspects de son
instrument, le transporter, le placer où il veut, il peut jouer avec les cordes
et parfois, sans savoir comment il a réussi, obtenir un son recherché.
Lorsqu’il maîtrise son instrument l’élève devient violoniste, guitariste,
pianiste… L’instrument est en lui, il le connaît, il le sent, il l’a
expérimenté, il sait d’où il vient, comment il vibre et il sentira aussi quand
et pourquoi il ne vibre pas. De même, s’il connaît tout de son instrument, il
le respecte dans sa nature et son essence et sait d’expérience qu’il
n’obtiendra rien de cet instrument en le contrôlant, en tentant d’aller à
l’encontre de sa nature, de ses possibilités. Le maître ne peut qu’accompagner
son instrument pour qu’ils créent ensemble à partir de leurs trésors
réciproques. Ainsi, un maître yogi, par exemple, pourra aussi arriver à la
maîtrise de son corps et l’amener aux limites de ses possibilités. Cela ne peut
être réalisé en faisant intervenir un élément ou une substance de l’extérieur. Il
n’y a rien ici qui vient prendre le contrôle de son corps, ni chimie, ni
mécanisme extérieur… seul son état de maîtrise l’amène là.
Par rapport
aux émotions qui nous envahissent quand la tête perd le contrôle, lorsqu’on est
maître de soi, il n’y a tout simplement pas d’envahissement possible. Les
émotions viennent, elles sont accueillies, reconnues et elles s’estompent.
C’est le cycle naturel de la vie, de toute énergie. Une émotion ne nous envahit
que lorsqu’on ne veut justement pas lui laisser prendre sa place, un passage
qui souvent ne serait que très bref et léger en intensité si on le laissait
faire. C’est le contrôle que l’on exerce dessus qui lui fait prendre de
l’ampleur… Comme une rivière que l’on refoule avec un barrage. Mettre de
l’énergie pour contrer une émotion ou au contraire, se laisser emporter par
cette émotion si elle nous fait du bien … c’est s’y accrocher en lui laissant
toute la place ou lui résister de toutes ses forces. Dans un cas comme dans
l’autre, nous ne sommes pas le maître et nous avons perdu le contrôle.
Être maître
de soi… c’est être relaxe, accueillant, ouvert et souple. Et c’est aussi être
tendu, fermé et ferme. Car suivre le mouvement de l’énergie c’est passer d’un
état à l’autre, ouvrir et fermer les valves du cœur, les poumons, ouvrir et
fermer les bras pour voler, etc. Être
maître de soi c’est sentir et connaître les lois et les mouvements naturels du
corps et de l’esprit et pouvoir les suivre, s’y abandonner. Être maître de soi
c’est ne pas craindre l’autre, ni les mouvements extérieurs. Se maîtriser c’est
être capable d’accueillir le déséquilibre, l’instabilité, l’inconnu car le
mouvement naturel de l’énergie est ainsi. Le maître sait comment l’équilibre a
été rompu et comment il va se rétablir, il sait pourquoi et comment la nuit est
venue et pourquoi et comment la lumière reviendra… Être maître de la situation
c’est savoir et sentir ce qui se passe, pourquoi cela se passe et savoir quand,
comment et pourquoi j’interviendrai, si j’ai à intervenir. On ne contrôle pas la
situation, on la maîtrise et elle peut ainsi « vivre sa vie », prendre tout son
sens. Être maître de soi c’est vivre consciemment, cœur, corps et esprit
ouverts et éveillés.
Ici, en
Occident, la maîtrise est souvent confondue avec le contrôle car on le connaît
mieux. Nous avons souvent été contrôlés ou contrôlant selon notre position dans
l’expérience du pouvoir. Toutes les civilisations et les cultures jeunes qui
n’ont pas de longues traditions d’expériences ni de connaissances ancestrales
accèdent plus difficilement à la maîtrise, de toute évidence. Dans beaucoup de
domaines, nous avons accepté de laisser le contrôle à ceux qui savaient, ceux
qui connaissaient (pouvoir du mental) et nous avons, en même temps, appris que
contrôler était une façon efficace d’exercer du pouvoir et même de prendre du
pouvoir que l’on n’aurait pas autrement sur une personne ou une situation.
La maîtrise
de soi ouvre à la vie avec consentement
et renoncement. Les choix et les actions émergent à la lumière de la
conscience. C’est un chemin spirituel qui implique et respecte tout le
processus de la création… de l’intention à la manifestation, matérielle ou non.
Il n’y aucune résistance, aucune possession,
aucune prise en charge… quoique l’on choisisse, renoncer ou consentir. Tout
se passe en douceur, en respectant le rythme de ce qui prend place, en
permettant à tous les effets secondaires, tertiaires, etc. de se manifester… On
accueille tout.
Ainsi, on
laisse le papillon sortir de son cocon sans intervenir, on laisse la graine
germer, pousser et fleurir comme elle y est destinée… En choisissant de l’aimer
ou non, de lui apporter ce qu’elle a besoin (terre, lumière et eau) si elle
n’est pas dans son milieu naturel mais plutôt dans un milieu que nous «
contrôlons »… On consent ou on renonce à faire partie de sa vie, pour un temps,
mais on lui laisse sa Vie. Et nous devrions toujours intervenir dans la vie de
l’autre seulement s’il y a consentement conscient… c’est la vraie liberté
intérieure! En posant ces gestes dans
l’Amour, partir ou rester, toucher ou non… ce faisant, on finit toujours par
consentir en Soi, car notre renoncement est un consentement à une autre vie et
tout est lié, nous sommes tous parties prenantes du même Univers. S’ouvrir à la
vie de l’autre, c’est s’ouvrir à la vie en soi et participer à l’expression de
la Vie en Soi!
OM!
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