Lorsque nous sommes en quête spirituelle, sur le chemin de l’éveil, une des étapes les plus importantes et douloureuses aussi, est celle de « l’accompagnement de notre ego avec bienveillance. » Parce qu’il fait partie de nous, au même titre que tous les organes qui nous composent, que les qualités et talents qui nous caractérisent, au même titre que l’âme unique qui s’est incarnée dans cet être singulier que nous sommes.
L’expérience de suivre un maître spirituel est un des plus précieux outils pour y arriver, sans être le seul bien sûr. Je parle de suivre un être de près, pas à distance. En ne se contentant pas seulement de piger dans ses enseignements sans y mêler une expérience de vie, sans le côtoyer, sans mettre aussi son cœur dans la relation, sans s’y abandonner je veux dire. Se choisir un maître spirituel, le reconnaître comme tel et le suivre c’est comme se choisir un enseignant pour une discipline particulière ou un psychologue pour une situation particulière… avec la différence importante qu’à un maître spirituel on ouvre tout … le cœur, l’esprit et le corps. On choisit de le laisser passer en soi en le prenant comme intermédiaire ou chemin d’accès au divin qui nous semble trop loin ou pour nous aider à lever les voiles intérieurs pour accéder à notre partie divine. S’en remettre à un maître c’est choisir une voie d’apprentissage, choisir d’aller à l’école plutôt que d’être autodidacte. Je crois qu’il s’agit d’une voie plus rapide simplement parce qu’on s’y consacre plus entièrement, rien d’autre.
Que ce maître soit vraiment un grand maître, c’est-à-dire que son être soit plus évolué et réalisé que le nôtre ou qu’il soit l’un de ces nombreux guides et maîtres qui s’autoproclament comme tel, importe peu. Tous, vrais comme faux, entreront d’abord en interaction avec notre ego. Les vrais maîtres n’en tireront pas profit, pour nourrir le leur mais les faux … oui. Là est la différence entre les deux. Toutefois, le travail de l’ego en soi, face au maître demeure semblable.
L’ego se cache subtilement derrière la moindre pensée et la plus anodine action, réaction surtout. L’ego est souvent dans la charge émotive qui motive justement le passage à l’acte ou la prise de parole. On le distingue mieux dans une réaction émotive. Mais, il est tout aussi présent dans les comportements et les patterns du mental, il les déclenche, les nourrit, les amplifie, etc. Et c’est là qu’il est le plus difficile à traquer. Et c’est pour cette raison que beaucoup de gens qui ont un « mental fort » se refusent à avoir un « maître à penser », l’ego accepte difficilement de se soumettre à l’observation totale… Il ne veut pas mourir, surtout pas perdre le contrôle, ni perdre sa place, à l’instar de la personnalité qui, elle, ne veut pas perdre la face. Il veut continuer à être le maître à bord. Entrer en relation intime avec son ego, pas pour le détruire mais pour l’accueillir et le « remettre à sa place », je le répète, est une des étapes de l’éveil les plus éprouvantes.
Toutefois, c’est le chemin qui mène à la vraie humilité, souvent en faisant un détour pour expérimenter l’humiliation mais pas toujours, heureusement. À l’humilité qui libère l’être derrière la personnalité, de sa petitesse jusqu’à sa pleine grandeur. À l’humilité qui devient reconnaissance et acceptation de l’être unique que nous sommes dans la grandeur infinie du divin, de l’Un dans lequel nous ne sommes qu’une minuscule mais essentielle partie. Une étoile dans le ciel, un pétale de la fleur…
Lorsque l’on a un mental très fort, très développé (et je témoigne ici de mon expérience car j’ai été essentiellement rationnelle et mentale en dirigeant ma vie à partir de là jusqu’au déclenchement de l’éveil, dans la quarantaine), l’on prend en considération ses sentiments, bien sûr, mais le droit de veto revient au mental. Et le mental est alors encore plus « susceptible » que l’affectif devant la blessure. Il s’insulte, s’insurge et poursuit l’attaquant à la moindre allusion à son intégrité, à son imperfection, à ses travers … le mental supporte mal que l’on pénètre dans son intimité. « Perdre la tête » … est l’expression que nous entendrons d’abord des êtres plus rationnels quand ils se laissent aller à leurs émotions, mais ils reprendront bien vite le dessus. Mais, toujours, ils conservent le pouvoir sur le commutateur, eux seuls peuvent consentir ou non à enlever du pouvoir au mental. C’est juste là qu’intervient/interviendrait un maître à qui l’on concède d’accéder à ce niveau de notre personnalité.
Puis, petit à petit, on relâche le mental de plus en plus souvent. C’est l’apprentissage d’être dans le fameux moment présent. Moment présent qui d’ailleurs peut être longtemps considéré comme n’étant pas la « réalité », le « concret ». L’être expérimente concrètement une présence totale, intègre mais le mental arrive à le persuader que cela n’est pas réel… non mais, quand même, reconnaissons là la formidable adresse du mental. Tous les discours, les apprentissages, les conditionnements, les connaissances, le savoir intellectuel se mettent de la partie pour vous ramener dans « la réalité », cette autre réalité de laquelle vous êtes sortis… Mais où êtes-vous donc?
Cette réalité qui, sur le plan affectif, est faite d’insécurités et de peurs que le mental s’empressent de solutionner, de « procéder » comme autant de problèmes à résoudre, autant de décisions à prendre… pour la survie de l’être. La caractéristique première de cette réalité dans laquelle on veut revenir est qu’elle n’est pas présente… elle existe dans le passé ou le futur. La réalité du moment présent ne s’appréhende pas par le mental, elle s’expérimente avec le ressenti, avec le cœur!
Il faut réaliser que l’ego supporte mieux de se faire dire qu’il a « trop de cœur » que de se faire dire qu’il n’a pas « assez d’intelligence », mieux vaut se faire avoir parce qu’on est bonasse que parce qu’on est stupide. Le savoir et la connaissance qui ont étés pervertis ont amené beaucoup de domination, d’exploitation, comme on sait. La science nous apprend beaucoup sur nous-mêmes et notre univers, elle finit par expliquer ce qu’on a pu expérimenter ou constater bien avant sans pouvoir l’expliquer. Comme la foi et tout ce qui concerne la conscience, la vie de l’esprit et de l’âme. Il y a toujours eu des scientifiques qui ont franchi le pont, qui ont mêlé science et spirituel, mental et cœur. Ceux-là et celles-là ont laissé des enseignements que l’on redécouvre et approfondit quand on s’intéresse à la spiritualité justement. L’on comprend alors notre expérience à la lumière de leur mental, plutôt que du nôtre.
L’on peut actuellement percevoir que plus la science arrive à expliquer ce qui était de l’ordre des mystères du spirituel, des mystères de l’incarnation… plus se feront aussi au niveau des masses qui croit d’abord à la science plutôt qu’au divin, les prises de conscience. La réalité spirituelle pénètrera alors le cœur en passant par le mental qui, lentement consent parce qu’il conserve son pouvoir directeur, son autorité suprême.
Pendant ce temps, l’ego subsiste sans être trop inquiété. C’est pourquoi, l’être peut s’éveiller plus aisément, rapidement même, lorsqu’il fait passer le Cœur en premier. Cela nécessite, pour nous tous, toutes, qui ont un mental très fort, très développé (dont l’ego tire probablement une certaine fierté!) de ne plus chercher à avoir raison, de ne plus chercher à détenir une vérité. Oui, le mental peut découvrir et comprendre une vérité et en descendant dans le cœur, le seul intérêt devient de partager cette vérité, de la mettre au service et de s’en détacher.
L’on doit demeurer vigilante et vigilant. Tant que le mental tire une satisfaction, un plaisir à son activité qui n’est pas mise au service du cœur… il y a fort à parier que c’est l’ego qui tire les ficelles. Car l’ego encore trop présent étend son terrain d’action autant derrière les émotions que sous les réflexions qui mènent à l’action.
Quand l’ego, quand la personnalité, a accepté d’avoir « l’air » de tout ce que l’être profond n’est pas… il peut diminuer. C’est-à-dire quand il a été jugé et condamné, au moins une fois par des personnes qui avaient ce pouvoir sur lui, pour culpabilité, violence, incompétence, sottise, égoïsme, trahison, manipulation, etc. quand la personnalité a été ainsi déconstruite sur la place publique, dans son milieu de travail, dans sa famille ou par un être aimé... alors l’être peut surgir. L’être responsable, doux, compétent dans l’essentiel, intelligent du cœur, intègre, authentique, ouvert peut enfin vivre libre, sans crainte de mourir car il émane de l’essence véritable enfin reconnue par lui-même et inaliénable, inattaquable. L’ego se protège toujours et prétexte même la protection des autres pour agir, il se défend toujours aussi … l’être, lui, vit, s’exprime et aime librement, sans aucun autre besoin à satisfaire.
Vu de l’ego… on ne se sent jamais égaux à nos semblables!
OM!
Jyotananda
Merci du fond du cœur ! <3
RépondreEffacerValérie.
Vu de l'ego, on se sent toujours inégaux... mais vu du cœur, on peut si aisément se rejoindre et se toucher. Je suis bienheureuse, Valérie, si ce texte a résonné en toi!
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